Bilan de la récolte de houblon 2017

Publié le : 09/01/2018 07:52:32 Catégories : Blog

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cones bilan recolte 2017

1. Monde

"Les surfaces mondiales de houblon continuent de progresser à un rythme de 3 000 ha/an..."

...depuis plusieurs années, pour un total de 59 300 ha. Les USA et l’Allemagne, les principaux pays producteurs, couvrent à eux seul près de 75% du marché mondial. La République Tchèque et ses 4 950 ha ou la Pologne avec 1 600 ha sont bien loin derrière.

Alors que les USA enregistrent une récolte record en 2017, l’Europe et notamment sont principale producteur l’Allemagne, peut se satisfaire d’un rendement tout juste moyen mais inespéré, compte tenu des soubresauts climatiques. Les températures extrêmes entre mi-juin et mi-juillet et un sévère déficit de pluie sur l’ensemble de la saison ont compromis les résultats de la récolte 2017 en Europe occidentale. Les USA et l’Angleterre s’en sortent bien et affichent des bons résultats.

USA : une récolte record pour le premier pays producteur.

Les USA poursuivent le développement de leurs surfaces à 23 000 ha contre 12 000 en 2012. L’orientation aromatique se confirme aux USA au dépend des houblons amérisants puisque le Cascade est depuis 2015 la variété la plus cultivé aux USA avec 3 000 ha, soit 13% des surfaces et Centennial et Citra ont éjecté les amérisants CTZ (Columbus/Tomahawk/Zeus) du podium. Le houblon américain a été soutenu par un secteur brassicole artisanale très dynamique au cours des dernières années.

La croissance à 2 chiffres observée en 2014 (18%) ou en 2015 (16%) s’est toutefois tassée en 2016 avec encore un enviable 6%.

On observe en parallèle une forme de cannibalisation de la brasserie artisanale :

  • Les brasseurs industriels font main basse sur les craft les plus intéressantes : Goose Island, Elysian, Four Peaks, Breckenridge, Mill Street…pour ABInbev, Lagunitas pour Heineken, Boulevard et Ommegang pour Duvel, …
  • Ce ne sont plus seulement les brasseurs industriels qui souffrent mais aussi les grosses craft tels que Samuel Adams, Sierra Nevada ou New Belgium

Bien que les planteurs considèrent que les houblons actuellement en terre sont pour la plupart contractualisés, on ne peut pas ignorer ces signes. L’offre pour certaines variétés US majeures augmente à nouveau.

40% des houblons produits dans le pays sont utilisés par le segment des brasseries artisanales.

Parmi lesquels, Cascade, Centennial et Chinook composent le podium des variétés depuis plusieurs années. Ce sont précisément ces mêmes variétés qui sont désormais en surproduction, dans un paysage de près de 200 variétés disponibles à travers le monde. Les prix de ces houblons sont fortement baissiers. Les variétés les plus tendues sont : Galaxy (Aus.), Citra, Nelson Sauvin (NZ), Mosaic, Simcoe, Amarillo. De plus, on voit un frémissement de replantation des variétés amerisantes Columbus, Tomahawk, Zeus (CTZ) après 7 années de réduction. Une confirmation attendue en 2018.

En Allemagne on s’attendait à une récolte plus catastrophique que cela, tant les houblons se trouvaient dans un état désespéré début juillet. C’était sans compter sur le retour de pluies salutaires et des températures plus supportables au bon moment, c’est-à-dire durant la formation des cônes entre mi-juillet et mi-août. Au final la récolte, bien que déficitaire malgré la mise en place de 945 ha supplémentaires, s’élève à 41 500 To. C’est plutôt sur la position des alphas que la production est déficitaire. L’Allemagne ayant depuis longtemps pris l’habitude de vendre ses houblons, y compris aromatiques, massivement sur base alpha. C’est la raison pour laquelle des variétés telles que Tradition, Perle, Hersbrucker, Saphir ou Tettnang ne sont plus disponibles, y compris un contrat à terme. Même phénomène pour les amérisants : Herkules, Magnum ou Taurus. Conséquence : les prix qui grimpent fortement sur un marché spot - toutefois quasi inexistant -. Les pénuries de houblons contractualisés doivent être couvertes par des achats sur le marché libre. Seules des variétés comme Hüll Melon, Mandarina Bavaria et Hallertau Blanc sont disponibles à la vente.

houblonnière Alsace ciel bleu

2. France

"Un bilan en demi-teinte, moins catastrophique que prévu grâce aux pluies du mois d'août." 

Bernard INGWILLER, président de l'AGPH.

En France, le phénomène climatique a été sensiblement le même qu’en Allemagne. 

Focus : Une quantité de pluie décente de mai jusqu’à mi-juin avec des températures clémentes est le cocktail idéal pour une pression mildiou importante mais aussi pour de bonnes conditions végétatives. Puis un déficit d’eau et des températures extrêmes de mi-juin jusqu’à mi-juillet ont compromis l’intégrité physique du houblon. Le reste de la saison a réservé des précipitations plus régulières et surtout des températures plus conformes à ce que le houblon a besoin pour s’épanouir.

Au final, des rendements faibles pour les variétés précoces Golding, Fuggle, Triskel et Tradition qui aiment les mois de juin tempérés et un bon niveau de pluie. A partir de mi-récolte, la situation s’inverse complètement avec de bons rendements pour les Strisselspalt, Aramis, Mistral Barbe-Rouge, à très bons pour les variétés tardives Brewers Gold, Columbus et Nugget. Ces irrégularités climatiques deviennent une vraie préoccupation pour les houblonniers - confrontés à 3 épisodes de stress hydrique majeurs durant les 5 dernières années -.

Le climat a perdu de sa régularité mais propose des événements extrêmes. L’impact sur le volume de production est réel : Il l’est encore plus sur la production d’alpha.

Alors qu’habituellement la profession tient compte d’une moyenne Alpha sur 10 ans pour ses prévisions de production, on observe qu’elle n’est plus du tout conforme à la réalité et que la moyenne sur 5 ans est plus appropriés.

Une réadaptation va être nécessaire. A chaque épisode de sécheresse on s‘interroge sur la pertinence de l’irrigation, qui peut permettre à minima de compenser une partie de la perte de rendement mais ne réduira pas l’impact de la chaleur sur la masse végétative d’une plante extrêmement aérienne comme le houblon ! La recherche variétale future doit tenir compte de ce critère.

480 ha de houblon ont été récoltés en France en 2017. C’est une nouvelle progression de 20 ha soit 4.6%.

La croissance de la production se fait principalement en Alsace où les brasseurs s’intéressent de plus en plus aux variétés typiques du terroir, Aramis, Mistral, Barbe-Rouge et d’autres dans un proche futur. Aussi, les brasseurs français consomment des variétés françaises que l’on apprécie pour leur typicité de terroir. La progression des surfaces est organique et se veut « raisonnée » pour garantir le revenu de ses producteurs. Alors que la filière voudrait accueillir de nouveaux jeunes planteurs en son sein, le ticket d’entrée dans la production de houblon reste dissuasif pour un jeune. L’investissement dans des équipements de récolte, de cueillette, de séchage et d’emballage est impératif quand on veut offrir au brasseur un bon niveau de qualité des houblons. Le déficit alpha en Europe en 2017 est donc compensé par la production US, soit une offre globale de 10 500 To alpha contre 10 800 To en 2016. Bien que la production mondiale de bière stagne depuis 3 à 4 ans autour de 1.950 Millions d’HL, l’augmentation de versement de houblon dans les bières permet d’estimer un déficit de 300 To Alpha pour l’année brassicole 2018.

Depuis 2010, le nombre de micro-brasseries en Europe a plus que triplé pour atteindre 8 500 brasseries.

Chaque semaine, 20 microbrasseries ouvrent en Europe. Alors les plus grands producteurs de bière de l'UE sont l'Allemagne, la Pologne, l'Espagne et le Royaume-Uni, c’est dans des pays traditionnellement non brassicoles que les croissances se font : Italie, France. La demande pour des houblons reste soutenue, jusqu’à très forte pour les houblons bio. Convertir son houblon en bio nécessite 3 récoltes. Seule la 4è récolte est certifiable Bio. Cette inertie qui ne permet pas de répondre rapidement aux demandes du marché. Additionné au fait que le houblon est une plante pérenne, ceci explique la nécessité d’une bonne communication entre producteurs de houblon et brasseurs. Sécuriser ses matières premières, notamment le houblon, est vitale pour le brasseur : la contractualisation reste le meilleur outil pour garantir ses approvisionnements sur plusieurs saisons.